Le globe et la loi by Jacques Huntzinger

Le globe et la loi by Jacques Huntzinger

Auteur:Jacques Huntzinger [Huntzinger, Jacques]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Les Éditions du Cerf
Publié: 2019-08-06T14:05:40+00:00


CHAPITRE 10

Le moment unipolaire

* * *

Novembre 1989 – 11 septembre 2001

La formule, datée de la fin 1990, est de l’éditorialiste américain néoconservateur Ch. Krauthammer.

Mais, dès l’été 1989, avant même la chute du mur, le philosophe F. Fukuyama avait écrit un article intitulé « La fin de l’histoire ? ». Ce concept, élaboré par le philosophe marxisant A. Kojève à propos de l’avènement d’une société sans classes aux États-Unis, était repris à son compte par Fukuyama pour rendre compte de l’expansion mondiale en cours de la démocratie occidentale et du libéralisme économique.

C’était affirmer le syllogisme suivant. L’histoire est censée être faite du conflit des idéologies contraires. Or nous assistons à la fin du monde de l’Est et à la suprématie mondiale du monde de l’Ouest. En conséquence, le monde entre, avec la rationalité du règne mondial de la démocratie et de l’économie capitaliste, dans la fin de l’histoire au sens hégélien du terme.

Il est vrai que, pendant une très brève période d’une dizaine d’années, entre la chute du mur de Berlin suivie de la chute de l’Union soviétique et le 11 – Septembre 2001, le monde allait avoir le sentiment d’être entré dans une ère de paix et de concorde universelle. Le monde occidental avait triomphé et était en train de s’universaliser. En son sein, régnait « l’hyper puissance » américaine analysée par H. Védrine. L’effondrement du système Est-Ouest avait fait surgir la conviction d’un monde occidentalisé, démocratisé et totalement rassurant.

Du côté américain, Z. Brzezinski, l’ancien conseiller de J. Carter, allait évoquer la perspective d’un « empire global » constitué autour des États-Unis et des principales puissances européennes et destiné à préserver la nouvelle hégémonie occidentale face aux futurs rivaux russe et chinois. Le discours du président H. W. Bush du 11 septembre 1990 parlait du « nouvel ordre mondial à créer » pour exprimer cet alignement du monde vers la démocratie et l’économie de marché.

Du côté russe, Gorbatchev puis Eltsine pratiquaient une politique libérale exprimée par le discours de Kozyrev sur l’Occident, ami et modèle de la Russie pour sa transition vers la démocratie et l’économie de marché.

La conviction de la « fin de l’histoire », de l’avènement d’une « communauté internationale » animée par l’occident et les États-Unis, et donc d’un monde unipolaire, était générale. Ce fut le moment où, plus que jamais, l’image de « l’Amérique monde » seul successeur de l’ancienne « Europe monde » s’imposera. Le monde semblait alors s’être adapté à la représentation dominante qu’à l’Amérique du monde, un monde conforme à ses principes.

L’Europe monde avait duré cinq siècles. « L’Amérique monde » durera dix ans.

Onze années après le 11 septembre du discours du président H. W. Bush sur le nouvel ordre mondial, le 11 – Septembre de 2001 allait faire disparaître cette courte illusion d’un monde unipolaire régi par la trilogie de l’hyper puissance américaine, de l’économie de marché et de la civilisation occidentale mondialisée.

Il allait se produire ce que J. Vaïsse a appelé un « emballement » de la puissance américaine sous l’impulsion



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